Guide technique pour remettre en état le carburateur de la Renault 4CV

La restauration du carburateur d'une Renault 4CV s'inscrit dans une démarche rigoureuse de remise en état mécanique. Véritable organe de dosage air/essence, ce dispositif conditionne le rendement du moteur et le confort de conduite. Un démontage méthodique, associé à un nettoyage soigné et un remontage dans les règles de l'art, garantit le retour aux performances d'origine. Ce guide, orienté atelier, détaille chaque étape avec des termes techniques précis pour accompagner efficacement une révision complète, même en l'absence d'expérience préalable.

Pourquoi restaurer le carburateur d'une Renault 4CV ?

La Renault 4CV, animée par un moteur quatre cylindres en ligne monté en porte-à-faux arrière, utilise un carburateur Solex 22 BIC ou équivalent, de type simple corps à dépression. Le carburateur assure la formation du mélange air-essence, en fonction des besoins moteur (ralenti, accélération, charge partielle).

Avec les années, le bloc s'encrasse sous l'effet des gommes, vernis et dépôts liés à l'essence oxydée. Les gicleurs principaux finissent par se boucher. Les passages d'air calibrés perdent en efficacité. Les joints toriques se dessèchent progressivement. Le pointeau peut se bloquer, ce qui perturbe le niveau de cuve. Cela se traduit par des trous lors des accélérations, un ralenti irrégulier, un taux de CO instable ou encore des ratés à l'allumage.

Restaurer ce carburateur permet de stabiliser la dépression dans la tubulure, d'assurer une nébulisation homogène du carburant, et de retrouver une richesse correcte à tous les régimes. La fiabilité à chaud comme à froid est en jeu, ainsi que l'authenticité de l'ensemble moteur Renault Billancourt.

Matériel et outils nécessaires

Voici l'outillage de base pour intervenir proprement :

  • Clés plates de 7, 8 et 10 mm pour les vis de fixation et raccords.
  • Tournevis plat à lame fine pour les vis en laiton et les gicleurs.
  • Nettoyant carburateur en spray à base de solvants spécifiques, ou bac à ultrasons pour un dégraissage en profondeur.
  • Soufflette pneumatique ou compresseur avec embout fin pour sécher les conduits.
  • Kit de réfection complet, comprenant les joints fibre, membranes, pointeau, axe de papillon, et parfois des gicleurs calibrés selon la référence Solex du carburateur d'origine.

Prévoyez aussi un établi stable, des bacs compartimentés pour trier les petites pièces, et une fiche technique d'origine. Pour trouver les accessoires Solex adaptés à votre modèle, pensez à consulter les sites spécialisés, les clubs Citroën/Renault ou les vendeurs de pièces détachées disposant de vieux kits en stock. N'oubliez pas non plus les petits composants périphériques comme les fusibles, les pompes manuelles d'amorçage ou les ampoules si vous intervenez sur le faisceau du compartiment moteur.

Étape 1 : Dépose du carburateur

Positionné en partie haute sur la tubulure d'admission, côté échappement, le carburateur Solex de la Renault 4CV se démonte uniquement moteur froid, batterie impérativement débranchée pour éviter tout arc ou déclenchement intempestif du démarreur. Avant d'agir, assurez-vous d'avoir dégagé suffisamment d'espace autour de la baie moteur pour travailler confortablement, surtout si vous devez manipuler certains accessoires spécifiques.

Ce type de carburateur, souvent commun à plusieurs modèles Renault et parfois Citroën, peut exister sous plusieurs variantes. Il est donc recommandé de noter sa référence exacte avant tout démontage, afin de commander un kit de réfection ou de comparer les pièces disponibles en stock sur les sites spécialisés ou chez les fournisseurs de pièces anciennes.

Commencez par déconnecter les éléments suivants :

  • Les durites souples d'alimentation en essence, en vérifiant l'état des colliers à vis ou à ressort. Remplacez-les si elles présentent des craquelures ou signes de porosité.

  • Le câble d'accélérateur, généralement fixé par une rotule encliquetable ou un tendeur fileté avec contre-écrou.

  • La commande de starter, souvent reliée par gaine souple ou câble rigide selon les versions du système.

Utilisez ensuite une clé plate ou un cliquet avec douille de 10 mm pour desserrer les écrous de fixation situés à la base de la semelle du carburateur. Ceux-ci maintiennent l'ensemble sur la tubulure par deux goujons filetés. Retirez-les prudemment, sans exercer de torsion excessive, pour ne pas endommager le filetage.

Soulevez ensuite le carburateur à la verticale, délicatement, en prenant soin de ne pas arracher le joint d'embase. Celui-ci est parfois collé par des résidus de carburant ou une légère oxydation. En cas de blocage, tapotez doucement avec un maillet en caoutchouc ou faites levier à l'aide d'une spatule plate pour décoller sans abîmer la portée d'appui.

Étape 2 : Démontage du carburateur

Fixez le carburateur dans un étau à mors doux, à l'horizontale, afin de ne pas marquer le corps en zamac. Il est impératif de stabiliser l'ensemble pour éviter toute tension sur les pièces fragiles lors du démontage. Placez un chiffon propre sous le carburateur pour récupérer les éléments qui pourraient tomber, en particulier les petits accessoires internes souvent oubliés.

Procédez ensuite au démontage méthodique par sous-ensembles :

Le couvercle supérieur, qui donne accès à la cuve, au flotteur et à l'ensemble pointeau-siège. Prenez soin de ne pas tordre l'axe du flotteur lors du retrait.

Le corps principal, renfermant les circuits internes : gicleur principal, gicleur de ralenti, puits d'émulsion, ajutage d'air, ainsi que le diffuseur fixé par vis ou à emboîtement selon les versions Solex.

La semelle inférieure, si elle est démontable, contient parfois les canaux de ralenti et la vis de butée du papillon.

Utilisez une clé à gicleur ou un tournevis à lame usinée parfaitement ajustée pour retirer les gicleurs sans les détériorer. 

Évitez tout outil improvisé qui risquerait d'endommager les empreintes en laiton. Dès les premiers éléments retirés, réalisez un suivi photographique précis avec une vue du dessus, l'emplacement exact de chaque pièce, leur orientation et l'ordre d'assemblage des rondelles et ressorts. Toute pièce oxydée ou déformée devra être remplacée à l'identique, en respectant scrupuleusement la référence Solex d'origine

Étape 3 : Nettoyage approfondi

Commencez par un dégraissage soigneux au nettoyant spécial carburateurs, en insistant sur les zones encrassées. Immergez ensuite les composants métalliques dans un bac à ultrasons, avec une solution adaptée chauffée à 50–60 °C, pendant 10 à 15 minutes. Ce traitement est particulièrement efficace pour les gicleurs, ajutages, puits d'émulsion et petits conduits difficiles d'accès.

Nettoyez manuellement les passages internes à l'aide de curettes en plastique ou de petits accessoires non abrasifs. Évitez absolument les fils métalliques qui pourraient altérer les calibrations d'origine. Séchez tous les orifices à l'air comprimé : cuve, galeries internes, entrée d'air, sans jamais utiliser de chaleur directe (type décapeur thermique), ce qui risquerait de déformer certaines pièces sensibles.

Un nettoyage complet permet de retrouver les débits exacts définis par la référence Solex d'origine. Pour obtenir un résultat durable, utilisez un kit de réfection complet incluant joints, pointeau, membrane et gicleurs calibrés. Assurez-vous que les composants viennent d'un stock fiable, en particulier pour les anciens carburateurs Solex montés sur Renault 4CV ou modèles Citroën équivalents.

Profitez du démontage pour vérifier l'état des pompes manuelles d'amorçage et l'absence de corrosion sur les connexions. Enfin, inspectez les fusibles associés si vous intervenez sur le faisceau du compartiment moteur : une oxydation à ce niveau peut perturber l'alimentation ou le démarrage après remontage.

Étape 4 : Remplacement des pièces d'usure

Montez tous les joints neufs de la pochette de réfection (base, cuve, couvercle, axe). Changez le flotteur s'il est en laiton écrasé ou fendu (test à l'eau). Vérifiez la course du pointeau et sa fermeture sous gravité.

Contrôlez :

  • Jeu latéral de l'axe de papillon,
  • Positionnement du ressort de rappel,
  • Alignement des volets,
  • Liberté de mouvement du levier de starter.

Réglez le niveau de cuve à l'aide d'un gabarit millimétré fourni dans la pochette. Ce paramètre conditionne la hauteur de la colonne d'essence disponible dans le puits d'émulsion.

Étape 5 : Remontage du carburateur

Remontez dans l'ordre inverse en respectant un couple de serrage modéré (entre 1,5 et 2 Nm pour les vis en laiton). Utilisez systématiquement des joints neufs issus d'un kit de réfection compatible avec votre modèle, afin de garantir l'étanchéité et la durabilité de l'ensemble. Graissez légèrement les vis avec une pâte cuivrée ou un produit à faible couple comme le Molykote.

Lors du réassemblage, veillez à positionner chaque gicleur selon sa référence Solex d'origine, en évitant toute inversion. Certains carburateurs montés sur Renault ou Citroën présentent en effet des variantes subtiles qui influent sur les performances. Vérifiez soigneusement l'étanchéité des plans de joint à l'aide d'une lampe frontale, notamment au niveau de la semelle et de la cuve. Contrôlez également que la tringlerie fonctionne librement, sans point dur ni accrochage.

Avant de reposer l'ensemble dans le compartiment moteur, assurez-vous d'avoir à disposition les derniers éléments du stock : joints de réserve, vis spécifiques, ou fusibles si une intervention sur le faisceau électrique a été réalisée. Une préparation complète évite bien des allers-retours et sécurise le redémarrage après remontage.

Étape 6 : Repose sur le moteur et réglages

Replacez le carburateur avec un joint d'embase neuf, idéalement issu d'un kit complet de réfection correspondant à la référence Solex de votre modèle. Reconnectez soigneusement les commandes de starter et d'accélérateur, ainsi que tous les petits accessoires annexes (ressorts, tringleries, butées). Remplissez la cuve manuellement si nécessaire à l'aide d'une pompe à main ou d'un amorçage externe.

Lancez ensuite le moteur et laissez-le chauffer quelques minutes. Procédez aux ajustements suivants :

Réglage de la vis de richesse : enrichissez ou appauvrissez le mélange à l'aide d'un analyseur de gaz ou en vous fiant au régime moteur (recherchez une rotation stable et maximale).

Réglage du ralenti : stabilisez entre 800 et 900 tr/min avec la vis de butée du papillon.

Terminez par un test dynamique en conditions réelles : passages de vitesses, montées, frein moteur, comportement à froid. Ces réglages peuvent varier selon l'état de l'allumage, la compression des cylindres ou le réglage de l'avance centrifuge.

Assurez-vous que toutes les pièces remontées proviennent d'un stock fiable ou d'un fournisseur reconnu, notamment pour les anciens modèles Renault ou Citroën. Un bon calage moteur et un carburateur bien ajusté garantissent un fonctionnement optimal et durable.

Erreurs fréquentes à éviter

  • Utiliser une soufflette haute pression sans régulateur peut dessouder les buses ou faire sauter les obturateurs internes.
  • Oublier un gicleur de ralenti, inverser les références de gicleur principal.
  • Serrer trop fort les vis : risque de déformation du corps en zamac.
  • Employer des joints non nitrurés ou non résistants à l'éthanol (E10).

Privilégiez toujours une pochette compatible Renault 4CV Solex 22 BIC.

Aller plus loin : restauration complète du système d'alimentation

  • Purge et nettoyage du réservoir (présence de vernis, rouille interne).
  • Remplacement des durites souples par des modèles renforcés anti-éthanol.
  • Installation d'un filtre essence transparent, avant ou après la pompe mécanique.
  • Contrôle de la pompe de reprise, souvent négligée mais déterminante.

Pensez également à recalibrer l'allumage (avance initiale + centrifuge) pour corriger toute combustion incomplète.

Foire aux questions (FAQ)

Quelle est la fréquence de maintenance ?

Tous les 10 000 à 15 000 km ou tous les deux ans, selon la qualité du carburant.

Faut-il remplacer ou restaurer ?

Restaurer préserve l'authenticité. Le remplacement est une solution rapide si le corps est fêlé ou poreux.

Quel carburant utiliser ?

SP98 uniquement. Le E10 dégrade les joints, flotteurs et membranes.

Et si une fuite persiste après restauration ?

Revérifiez les plans de joint, la planéité du corps et les couples de serrage. Changez le kit si doute.

Pour conclure sur la restauration de carburant Renault 4cv

Restaurer un carburateur de Renault 4CV, c'est intervenir sur un organe complexe mais accessible avec méthode. Grâce aux bons outils, aux kits de qualité (joints, pointeau, flotteur, gicleurs), et au respect des données techniques, le moteur retrouve son comportement d'origine. Ce travail, enrichi par une approche rigoureuse, valorise le véhicule et assure un fonctionnement fiable. Rejoignez les clubs de passionnés, comparez les références d'accessoires et enrichissez votre stock de pièces. Le plaisir de rouler avec un moteur réglé aux petits oignons n'a pas de prix.